La Cage Entrebaillée – Lao She
En 1930, en Chine, est promulguée une loi en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Cette loi prévoyait notamment le droit a la demande de divorce par les femmes. La Cage entrebâillée, de Lao She, se situe juste après l’adoption de cette loi. Les femmes, souvent victimes de mariages arrangés avant cette période, en profitent pour récupérer leur indépendance.
Le personnage principal de ce livre est Lao Li, un entremetteur de Pékin à une époque où Pékin a perdu son statut de capitale au profit de Chongqing. Les mariages arrangés passant de mode et le divorce autorisé, il se retrouve au chômage et voit les couples qu’il a aidé à former se défaire. Il trouve donc un nouveau travail dans une administration afin de nourrir ses enfants et sa femme, tandis que cette dernière pense à quitter son mari.
Considéré comme une comédie de mœurs, La Cage entrebâillée met les personnage de Lao Li et de sa femme en scène dans leur quotidien, en y mêlant des satires de l’administration chinoise et de l’action des communistes. D’ailleurs, même pendant la période communiste, Lao She ne se disait absolument pas communiste et meurt ensuite noyé en 1966, pendant la révolution culturelle. Les circonstances de sa mort sont toujours floues et la thèse du suicide est contestée : il y a en gros 2 grandes théories sur sa mort : celle soutenue par Simon Leys dans ses Essais sur la Chine, qui dit qu’après un long moment de maltraitances par les gardes rouges, Lao She se serait suicidé, le suicide ayant en Chine une symbolique politique forte afin de critiquer le gouvernement en place. Et celle soutenue par Claude Roy, qui doute de la thèse du suicide, avec l’appui à l’époque de la veuve de Lao She, la peintre Hu Jieqing, et aurait été assassiné par le gouvernement. (Bon, il y a aussi la théorie de Michelle Loi qui dit que c’est pas intéressant de savoir s’il s’est suicidé ou s’il a été assassiné, mais je ne suis pas vraiment d’accord avec elle. ^^ )
Le titre de la VO est 《离婚》 : Le Divorce, pour une fois, je préfère le titre de la version française, plus basée sur la symbolique que la VO.
En bref, ce livre est une critique de certains aspects de la bureaucratie chinoise, mais garde la légèreté d’une comédie de mœurs. J’ai surtout parlé des circonstances de la mort de l’auteur dans cette article, ce qui lui donne un coté plus noir que le livre ne l’est. Un bon livre sur le XXème siècle chinois, sans qu’il ne soit question de la révolution culturelle ou du grand bond en avant, ça fait quand même plaisir.