Funérailles célestes – Xinran
J’entends parler de Xinran depuis longtemps, et j’ai envie de tester ses livres depuis tout aussi longtemps ! J’ai commencé mon exploration de l’œuvre de cette autrice par Funérailles célestes, qui a de très bons cotés… et des moins bons !
Funérailles célestes est l’histoire de Shu Wen, chinoise de Suzhou dans les années 1950, médecin, et fraichement mariée à Kejun. Quelques semaines après leur mariage, Kejun est envoyée avec l’armée populaire de libération au Tibet, et Shu Wen reçoit très rapidement une lettre l’informant de la mort de son compagnon. Attristée par cette nouvelle mais ne voulant pas y croire vraiment, elle s’engage à son tour dans la force d’invasion du Tibet pour partir sur les traces de son mari. Une fois au Tibet, elle perd vite contact avec toute son unité, et se retrouve à errer dans le Tibet désertique pendant de nombreuses années au côtés de Zhuoma, une noble tibétaine, ainsi qu’une famille de nomades.
J’ai beaucoup aimé un aspect du livre, qui est cette mise en abyme de récits. Je vous ai résumé le livre comme étant l’histoire de Shu Wen, mais en réalité, la narratrice est Xinran, l’autrice, qui retranscrit à la troisième personne du singulier, l’histoire de Shu Wen telle qu’elle l’a racontée lorsqu’elle l’a rencontrée. Et au sein de ce livre, on peut rencontrer à l’occasion d’autres personnages racontant eux-même leur histoire, ce qui donne au final une histoire racontée par un personnage, rapportée par Shu Wen, retranscrite par Xinran ! J’aime beaucoup cette cascade de récits rapportés !
Comme je l’ai déjà dit dans mon article sur le livre Sept ans d’aventures au Tibet de Heinrich Harrer, j’ai tendance à être sensible à l’ambiance des récits se déroulant au Tibet ! Et à vrai dire, Funérailles célestes est un peu construit comme Sept ans d’aventures au Tibet : on suit un personnage dans son vagabondage au Tibet, et au détour d’une page on se rend compte que ça fait plusieurs années qu’il est là, sans qu’on s’en soit aperçu auparavant. Et c’est d’autant plus marqué ici que l’intrigue se passe sur près de 30 ans ! ^^
Le gros gros point faible de ce livre, selon moi, c’est son rapport à la guerre. La guerre est ici énormément romantisée, on parle toujours de « Libération des frères tibétains », alors qu’on est réellement sur une invasion, avec tout ce qui s’ensuit : tortures de moines, massacres, destructions de temples. Disons que le communisme est pas hyper copain avec tout ce qui est religion à la base… Mais là, l’histoire entière se déroule dans des zones épargnées par la guerre, et une fois que Shu Wen arrive dans une zone qui a été envahie, aucune condamnation n’est faite de la guerre et tout le monde à l’air très heureux ici, en zone occupée.
C’est une autrice qui m’intriguait beaucoup, et mis à part ce dernier point, je suis conquis par les thèmes et le style. Donc je retenterais avec un livre qui se déroule dans un autre contexte. Baguette chinoises m’interpellait, et j’espère pouvoir y jeter un œil un jour !