Le Voyage d’Alice en Chine – Shen Congwen
Dans le cadre d’un défi à l’occasion du nouvel an Chinois, les participants devaient lire un auteur Chinois. Mais comme des auteurs chinois, je ne lis que ça, je devais en plus lire en VO. ^^ J’avais donc Le voyage d’Alice en Chine qui trainait chez moi depuis que je l’avais étudié en cours de littérature chinoise durant ma licence, mais que je n’avais pas lu à l’époque. (pas bien ^^ )
Le voyage d’Alice en Chine de Shen Congwen est une oeuvre majeure du courant littéraire du Jingpai (Sisi, je vais expliquer ça ^^ ) mais n’existe qu’en VO. Pas de version française ni anglaise à ma connaissance. (Ce qui est bien dommage). Ce livre est daté de 1928, et garde un style extrêmement littéraire et peu facile d’accès. Le voyage d’Alice en Chine, se pose comme une suite des Aventures d’Alice au pays des merveilles le roman de Lewis Carroll (D’ailleurs censuré en Chine dans les années 1930). Alice, après son retour du pays des merveilles, serait partie pour un monde tout aussi absurde : la Chine ! (ça pose les bases. ^^)
Le voyage d’Alice n’est ici qu’un prétexte pour faire voyager le lecteur en Chine. L’auteur fait de nombreuses références à la culture chinoise ancienne, et décrit de manière satirique ses contemporains qui voulaient prendre exemple sur l’occident afin de moderniser le pays, tout en rejetant les coutumes et les traditions chinoises. Ce qui est justement ce que critique le Jingpai (on y vient). Le Jingpai est une association littéraire créée par Shen Congwen en 1933. Le mot Jingpai (京派) signifie « l’école de Pékin » (de 京, caractère servant de diminutif pour 北京, Pékin, suivi de 派 qui peut signifier école, clique, secte, groupe…). Créé en réaction au Haipai (海派), l’école de Shanghai, ces deux écoles s’opposent dans leurs idées pour la modernisation du pays. Alors que le Haipai prônait l’occidentalisation de la Chine, le Jingpai refusait l’idée d’utiliser les technologies et les méthodes occidentales afin de moderniser le pays. Les auteurs de ce mouvement ont beaucoup écrit sur les campagnes, notamment sur les traditions des provinces natales de chacun des auteurs.
Ce roman est en fait le point de vue d’un occidental sur la Chine, vu par un chinois (le casse-tête). Alice découvre des traditions et des plats (beaucoup) qui lui sont inconnus, retranscrits par Shen Congwen, qui lui est bien chinois et connait très bien tout ce dont il parle. L’exercice de l’auteur ne doit pas être facile : parler de quelque chose qu’il connait très bien, en se mettant dans la peau de quelqu’un qui n’y connait rien et qui trouve même absurde certaines choses…
En bref, je ne peux pas vraiment vous conseiller ce roman, puisque introuvable, mais ça m’aura au moins permis de vous parler un peu du Jingpai et de Shen Congwen. (Youpiiii ^^) Une lecture assez compliquée pour moi, qui ai dû passer beaucoup de temps dans un dictionnaire pour arriver à la fin de ce livre. ^^
Tu l’as fini ? 😮 Bravo !
Ca doit être spécial effectivement comme exercice de faire semblant de découvrir alors qu’on parle de son quotidien. Finalement ce n’est peut-être pas ce qu’il présente comme absurde qui serait vraiment vécu comme tel par quelqu’un découvrirait vraiment ?
C’est marrant j’ai l’impression que ces longs passages sur la nourriture reviennent souvent dans les romans et BD asiatiques. J’avais déjà vu ça dans une BD indonésienne, puis plusieurs chinoises et japonaises, toujours avec la même forme de petits schémas comme dans les Petites Contemplations. T’en penses quoi ? C’est une spécificité ? ^^
En tout cas, il a l’air vraiment pas mal comme livre, dommage qu’il ne soit pas traduit ! :/